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Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/186

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Or, le bâillon tomba devant des raisons aussi philanthropiques.

Mais tout le monde ne portait pas ce tendre intérêt au Bohémien ; les uns applaudissaient au jugement de la Junte, les autres se promettaient un grand plaisir le jour du supplice, plusieurs adressaient même de furibondes interpellations au Gitano, qui se contentait de sourire.

Un, entre autres, un grand homme, sec et pâle, Corrégidor de Séville, qui se trouvait à Cadix, pour suivre un procès, s’acharnait surtout après le malheureux condamné ; c’était à chaque instant : — Quel scélérat !

— Quel bonheur pour la société, qu’un pareil monstre soit puni suivant ses mérites.

— Je le verrai étrangler avec joie.

Il paraît que le Bohémien se lassa de ces injures.

Il redressa fièrement sa tête, et s’écria d’une voix sonore :

— Seigneur don Perès, vous êtes peu charitable.

— Qui a dit mon nom à ce misérable ? demanda l’homme, pâle, confus et étonné.

— Oh ! mon maître, je sais bien autre chose ; et votre villa près du Guadalquivir ? et ce joli