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Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/193

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fatigues nouvelles ! tandis que demain, Fasillo, demain, du repos, du vrai repos, et pour toujours. Ne me plains donc pas ; c’est pour toi que je souffre. Enfin, adieu ! fuis l’Espagne ; gagne une autre terre ; vends la tartane, les noirs, et vas-y vivre tranquille, heureux, et, au milieu de ton bonheur, quelquefois une pensée pour le Bohémien.

Fasillo tomba à ses pieds.

— Ne trouves-tu pas, mon enfant, qu’il est malheureux de finir ma vie par où j’aurais dû la commencer ? Si j’avais eu à vingt ans un ami comme toi et une maîtresse comme Rosita, je ne serais pas en chapelle ardente, j’aurais eu encore mes illusions, j’aurais eu une famille, de douces affections, et je me serais un jour paisiblement éteint au milieu de mes petits-enfans. Bizarre destinée ! — Et après une pause, il détacha un mouchoir de soie rouge qui entourait son col, et le donna à Fasillo : — Tiens, tu le porteras pour l’amour de moi. Adieu !

— Ah ! jusqu’à la mort…

— Allons !… adieu.

L’horloge de San-Francisco sonna minuit.

Chaque coup vibra d’une manière déchirante au cœur du pauvre enfant ; au dernier, il tomba comme évanoui.