Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/286

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don Carlos Toscano et sa femme, riches négocians de Lima, qui avaient frété le San-Pablo à Calao.

On ne reconnaissait plus la chambre du navire, tant Carlos y avait déployé de luxe et d’élégance. Sur les parois nues et grises s’étendait une riche draperie qui, se séparant au-dessus des fenêtres, retombait en plis ondoyans. Le plancher était recouvert de nattes de Lima tressées d’une paille fine et blanche, et encadrées dans de larges dessins de couleurs tranchantes. De longues caisses de bois d’Akap rouge et poli contenaient des camélias, des jasmins du Mexique et des cactus aux feuilles épaisses. Puis, dans une belle volière de citronnier entourée d’un léger réseau d’argent, voltigeaient des bengalis à la tête verte, aux ailes pourpres reflétées d’or, et de jolies perruches de Porto-Rico, toutes bleues, avec une aigrette orange et un bec noir comme l’ébène.

L’air était tiède et embaumé, le ciel pur, la mer magnifique ; et sans le léger balancement que la houle imprimait au navire, on aurait pu se croire à terre.

Assis sur un riche divan, Carlos souriait à sa femme, qui tenait encore une guitare à la main.