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LES DIEUX S’EN VONT
Qui donc, voyant le front devenir soudain blême,
Et s’éteindre les yeux comme au vent un flambeau,
Inventa la prière au ciel, recours suprême,
Et le pieux salut des genoux au tombeau ?
Béni soit celui-là pour le sublime leurre
Dont il aura bercé le cœur de l’innocent !
Mais l’aveugle Credo s’affaiblit d’heure en heure,
L’esprit chasse du ciel ce que le cœur y sent.
Le dernier des dieux tombe, idole décevante
Où l’âme ingénument adore son portrait,
Il provoque aujourd’hui le rire ou l’épouvante ;
S’il se cache effrayant, grotesque s’il paraît.
Le sage en paix, qui doit son équilibre au doute,
Sans regarder l’abîme insondable et béant,
Trop heureux d’échapper au faux pas qu’il redoute,
N’ose diviniser le Tout ni le Néant.