Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/208

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SURSUM


à léon renault


 
On dit qu’importuné dans la paix de sa glace
Le mont Blanc voit gravir tous les ans sa paroi
Par des aventuriers pleins d’orgueil et d’effroi,
Et la foule murmure : « A quoi bon cette audace ? »

Là, dans l’éternité, tombe, s’amasse et dort
La neige au morne éclat, ce deuil blanc des montagnes
Qui souffrent d’assister aux saisons des campagnes
Et de subir l’ennui d’un immuable sort.

Ici, la vie abonde, active, aimante et belle,
La querelle des vents est la gaîté de l’air ;
Le soleil, qui plus haut laisse planer l’hiver,
N’est chaud que pour la plaine et fécond que pour elle.