Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/224

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Ô volupté calme et profonde
Des amours qui sont nés sans pleurs,
Volupté saine comme une onde
Qui chante sur un lit de fleurs !

Fraîche obscurité des cabanes
Humbles à l’ombre des sommets !
Les rêveurs sont donc des profanes,
Qu’ils ne vous connaîtront jamais ?

Hélas ! ces biens sont en arrière ;
Laissons-les là-bas, insensés !
L’innocence en est la barrière ;
Marchons, nous les avons passés.

Jamais les songeurs n’y reviennent ;
Parfois du bonheur ingénu,
En soupirant, ils se souviennent,
Mais ils marchent à l’inconnu.

Dans la forêt de l’ignorance,
Plaintifs, perdus comme le vent,
Ils vont, l’orgueil et l’espérance
Leur criant toujours : « En avant ! »