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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/280

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LES VOLUPTÉS


 

I


O Voluptés, salut ! une longue injustice
Vous accuse d’emplir les enfers de damnés,
Fait sonner votre nom comme le nom du vice
Et ne l’inscrit jamais que sur des fronts fanés ;
Et nous vous bénissons, reines des jeunes hommes ;
Si nous rêvons un ciel, c’est en vous embrassant,
Et vous nous laissez purs, ennoblis que nous sommes
Par la complicité du cœur avec le sang !
Nos lèvres ne vont pas jusqu’à la beauté même,
Et le plus long regard ne nous peut apaiser,
Tant que la bouche et l’œil n’ont pas crié : « Je t’aime ! »
Et fait d’un sentiment le miel de leur baiser.