Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/307

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Ils traversent la terre et sa boue et ses ombres
D’un pied désormais sûr et d’un œil familier ;
Du passé paternel ils foulent les décombres
Comme une poudre sainte au sol de l’atelier.
Quand de bons forgerons dans une forge noire
Fredonnent en lançant le marteau sur le fer,
Le passant qui les voit s’étonne ; il ne peut croire
Qu’on puisse vivre un jour dans ce cruel enfer.
Mais eux, avec l’entrain de la force qui crée,
Affrontent la fumée et le four éclatant.
Le travail fait les cœurs ; cette douleur sacrée
Donne un si mâle espoir qu’on la souffre en chantant !