Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/86

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Les jeunes gens

        Quelle solitude est la nôtre !
Ou dans les bras de l’homme, ou dans les bras de Dieu,
Nos compagnes, hélas ! tombent l’une après l’autre.
                 Adieu !…

        Un soir s’en va l’enfant aimée :
Sa vie en s’éteignant nous laisse un corps tout froid,
Comme d’un cierge pur la flamme parfumée
                 Décroît…

        Un matin c’est une épousée :
Elle marche à l’autel, l’œil baissé mais vainqueur ;
Aux lèvres va fleurir la joie ensemencée
                 Au cœur !

        Qui êtes-vous, vierges de la veille ?
Ange ? épouse ? pour vous quel est le meilleur sort ?
Plus d’une ombre en passant nous répond à l’oreille :
                 « La mort… »

Les jeunes filles

Pourquoi cette parole amère ?
Pourquoi ces pleurs dans vos adieux ?