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les vaines tendresses.


Or ma soif est celle de l’homme ;
Je n’ai pas de désir moyen,
Il me faut l’élite et la somme,
Il me faut le souverain bien !


II



Ainsi mon orgueil dissimule
Les défaillances de ma foi,
Mais je sens bientôt un scrupule
Qui s’élève et murmure en moi :

Mon fier désespoir n’est peut-être
Qu’une excuse à ne point agir,
Et, comme au fond je me sens traître,
Un prétexte à n’en point rougir,

Un dédain paresseux qui ruse
Avec la rigueur du devoir,
Et de l’idéal même abuse
Pour me dispenser de vouloir.