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la france.

VII

 
Comme un astre ébauché par ses propres tourments,
Pour se faire une écorce habitable et qui dure,
Disloque mille fois sa grande architecture
Sans perdre une vertu de tous ses éléments,

De même, en son chaos de décombres fumants,
La France, qui se cherche une assise future,
Bouleverse ses mœurs sans changer sa nature ;
Elle n’a rien perdu de ses divins ferments !

Je compte avec horreur, ô France, dans l’histoire
Tous les avortements que t’ont coûté ta gloire ;
Mais je sais l’avenir qui tressaille en ton flanc.

Comme est sorti le blé des broussailles épaisses,
Comme l’homme est sorti du combat des espèces,
La suprême cité se pétrit dans ton sang.