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les vaines tendresses.


Pour nous suivre il monte ou s’abîme,
À nos revers toujours égal,
Ou si profond ou si sublime
Que, sans maître, il est sans rival :

Est-il de retraite plus douce
Qu’un sein de mère, et quel abri
Recueille avec moins de secousse
Un cœur fragile endolori ?

Quel est l’ami qui sans colère
Se voit pour d’autres négligé ?
Qu’on méconnaît sans lui déplaire,
Si bon qu’il n’en soit affligé ?

Quel ami dans un précipice
Nous joint sans espoir de retour,
Et ne sent quelque sacrifice
Où la mère ne sent qu’amour ?

Lequel n’espère un avantage
Des échanges de l’amitié ?
Que de fois la mère partage
Et ne garde pas sa moitié !