Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/141

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leur place dans la première partie du livre ; ils se ressentent de leur date et je ne les aurais jamais publiés seuls. Peu à peu la buée rouge et la fumée qui cachaient l’horizon se sont dissipées ; un coin d’azur et quelques cimes blanches ont reparu ; les oiseaux sont revenus aux branches mutilées, les fourmis à leurs greniers défoncés ; il a bien fallu espérer encore. L’ouvrage se clôt sur cette impression. Le lecteur y aura suivi les vicissitudes d’une intelligence et les angoisses d’un cœur, touchant l’essence et le fondement de la justice.

Tu pouvais souhaiter, mon cher ami, que j’unisse ton nom au mien sur un livre moins exposé à la mauvaise fortune ; mais n’est-ce pas dans le péril qu’on s’assure de préférence l’appui des amitiés anciennes et solides ? Ce que je t’offre, c’est moins le résultat que l’effort, c’est moins l’œuvre que la peine, et le travail n’est jamais sans prix.

Sully Prudhomme.




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