Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/177

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une voix.



Le poète anime la fleur
Des rêves dont son âme est pleine,
Le parfum lui semble une haleine,
La goutte de rosée un pleur.

Qu’en croirai-je ? Oh ! la fleur vit-elle ?
Passe-t-il un frisson nerveux
Dans la feuille, verte dentelle
Aux fils plus fins que des cheveux ?

La corolle, que la lumière
Fait s’entr’ouvrir, et qui la suit,
Est-ce une ébauche de paupière
En vague lutte avec la nuit ?

Dis-moi si, pour la rose, éclore
C’est naître, et s’effeuiller, mourir.



le chercheur.



La sève que j’y vois courir
Est du sang déjà, pâle encore…