Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/209

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une voix.



Écoute, écoute retentir
Les cris d’héroïque tendresse,
Comme un reproche à ton adresse
Amassés pour te démentir,

Tous les cris poussés par les mères,
Depuis l’enfantement d’Abel
Jusqu’aux grandes douleurs dernières
D’où naîtra le dernier mortel !

Quelle grandeur n’as-tu flétrie ?
Mais, sans nier toute vertu,
Par quel doute aviliras-tu
Le saint amour de la patrie ?

Sauverai-je ce dévoûment
De tes subtilités maudites ?
Je les crains : oublie en dormant
La réponse que tu médites.