Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


une voix.



Pleure, pleure encore, sois homme !
Tes premiers pleurs t’ont soulagé,
Et voilà qu’au philtre du somme
Ton front cède, vide et chargé…

Dors vite, car l’ombre où tu plonges
A déjà des pâleurs de lait !
Moi, je vais suivre au vol les songes
Et pour toi les prendre au filet ;

De l’Orient qui s’illumine
Je vais cueillir les fins rayons
Pour en tisser la mousseline
Où j’arrête ces papillons.

Et bientôt ton angoisse obscure
Ne sera plus qu’une langueur
Mêlée à ma douce piqûre
Qui les fixera sur ton cœur…