Leur terrestre aventure est oiseuse à narrer :
Tant de cœurs nés jumeaux se sont vu séparer !
Vers l’apparition Faustus joyeux s’élance,
Puis tout à coup s’arrête anxieux, et balance.
N’osant plus approcher, comme s’il avait peur
De dissiper d’un souffle une vaine vapeur.
Reviens de la surprise où mon retour te plonge :
Je vis ! Faustus, je vis ! tu ne fais pas un songe.
Ta chair comme la mienne a traversé la mort,
La tempête est passée, et je t’accueille au port !
Pourquoi dans l’infini plein d’innombrables flammes,
Parmi tant de globes mouvants,
N’en serait-il qu’un seul visité par des âmes
Et peuplé par des corps vivants ?
Pourquoi seule la terre, obscure et si petite,
Aurait-elle entre tous l’honneur
De porter une argile où la pensée habite.
Où veille un souffle apte au bonheur ?
La tombe ferme un ciel pour en ouvrir un autre
Sur un astre meilleur ! Ici
Nul être dans la fange et le sang ne se vautre :
La vie humaine a réussi !