Voici, vêtu de chair nouvelle,
Faustus, mon immortel époux.
« Il salue en vous les esclaves
Mis par la tombe en liberté,
Tremblants jadis, aujourd’hui braves,
Qui, soulagés de leurs entraves,
Promènent ici leur fierté.
« Vous tous que ce paradis venge.
Vous, nés en servitude au bord
Du Nil, de l’Euphrate et du Gange,
Pour qui le joug pesant se change
En aile ouverte après la mort !
« Fils de l’Afrique et de l’Asie,
Que des rois au cœur dur et vain
Enchaînaient à leur fantaisie
Et que maintenant rassasie
D’indépendance un vol sans fin !
« Vous aussi, chasseurs pacifiques.
Vous que l’Espagnol autrefois
Brûla vifs avec vos caciques,
Peuple heureux de plus sûrs Mexiques,
Courant la savane et les bois !
« Et vous, dont mon cœur à ma bouche
Ne saurait dicter tous les noms,
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