Dans ces lis qu’elle incline on ne discerne plus
Leurs lentes flexions des plus chastes saluts ;
Et pourrait-on jurer qu’il ne tremble personne
Dans le feuillage ému de ce bois qui frissonne ?
Ah ! quelle aménité dans la communion
De l’âme et du zéphyr, du cœur et du rayon !
Nous sommes seuls, la terre est très loin, goûte encore
Des mauvais jours vécus la fuite à l’infini ;
Que l’oubli lentement un par un les dévore,
Et tout entier te rende à ce séjour béni !
Ô Stella, mon amie, après tant de vacarmes :
Blasphèmes, cris, sanglots, soupirs, clameurs,
Appels aigus et confuses rumeurs,
Voix d’hommes, bruits d’outils, fracas de chars et d’armes,
Que ce silence est doux, ineffablement doux !
Qu’il est suave à l’âme, ce silence
Où, clair et pur, dans l’air serein s’élance
Le chant de ces oiseaux qui n’ont pas peur de nous !
Vers nous de tous côtés ils arrivent par bandes.
Regarde-les près de nous voltiger,
Ou balancer en éventail léger
Leurs ailes, sur nos fronts ouvertes toutes grandes.