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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/249

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Et n’offrant qu’au devoir leur pudique amitié,
Tu fus le maître aussi du divin Marc-Aurèle,
Celui dont la douceur triste et surnaturelle
Était faite à la fois de force et de pitié !
Dieu, c’est la Raison même, universelle et stable :
Par la raison tout homme est le parent de Dieu,
Et cette parenté l’égale à son semblable,
Et le respect s’impose entre égaux de haut lieu.
Dans l’acte, c’est vertu que la raison se nomme ;
Le prix de bien agir n’est que d’agir en homme.
La Nature, phénix par soi se consumant,
De son propre bûcher naît éternellement.

« Fidèle à Démocrite, inventeur des atomes,
Épicure des dieux dissipe les fantômes.
Ne pas souffrir, voilà pour lui le vrai bonheur :
L’excès est du plaisir le traître empoisonneur ;
Il préfère le calme à l’ivresse troublante.
Sa tempérance au cœur n’offre que des berceaux.
Il propose la paix de la vie excellente
À ceux dont Aristippe avait fait des pourceaux.
Mais Lucrèce ni lui n’ont compris la merveille
D’un dévoûment qui souffre et se plaît à souffrir.
Épictète est vaincu ; si rien ne la réveille
______La fierté même va périr.

______« Oui, se sont écriés les hommes,
______Le cœur et le cerveau lassés :
______Du jour qui fuit plus économes,