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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/256

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Pour n’avoir bientôt plus d’autre sujet d’étude
Que les traits de Stella, d’autre sollicitude
Que le zèle à servir sa douce volonté.
Étreignant de nouveau le mystère affronté,
Il se recueille, assis sur le bord de la couche.
Ce qu’agite son front vient éclore à sa bouche,
Et des flambeaux dressés dans l’ombre anciennement
Il poursuit en ces mots l’ardu recensement :

« Il n’est de sablier dont les grains si minimes
Puissent compter des cœurs les mouvements divers ;
Toutes les passions, basses ou magnanimes,
S’y lèvent tour à tour comme les flots des mers ;
Une seule dans l’homme obstinément demeure :
La soif de l’Inconnu qui nous tente et nous leurre.
Malgré le souvenir de son stérile effort,
La pensée est rebelle au philtre qui l’endort.
C’est en vain que la Foi propose aux fronts dociles
Le paisible oreiller des tendres Évangiles :
Ils n’y peuvent dormir qu’un sommeil agité.
Hélas ! en les lavant de leur impureté,
Le baptême n’a point guéri ces vieux malades,
La fièvre de nouveau les tourmente.

_______________________________« Ô Plotin,
Crois, et laisse Platon, les stériles triades :
Le Christ a dit d’aimer, et l’amour est certain.
Confesse ton passé vaincu, noble Augustin !
Sur l’hérésie appelle ardemment l’anathème ;