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DANS LES PYRÉNÉES


sonnet


À Madame Marie Javal.


La cascade émeut l’air d’un obsédant murmure,
Elle croule en flocons ou jaillit en faisceaux,
S’évapore en poussière ou s’épanche en arceaux,
Et miroite au soleil comme un acier d’armure.

Torrent pyrénéen, né d’une source pure
Loin des champs asservis où rampent les ruisseaux,
Quel charme ont pour les yeux et les lèvres tes eaux
Où nul contact humain n’a laissé de souillure !

Des sapins et du ciel reflétant les couleurs,
Tu retrempes la vie en un flot d’espérance ;
Ta fougue et ton tumulte enchantent les douleurs.

Perdu dans ta fraîcheur et dans ta transparence,
J’oublie, un jour, le deuil des naïades de France
Qui roulent vers la mer tant de sang et de pleurs !