Des grandeurs sans borne aux néants,
Et l’œil, repu d’astres géants
Mille et mille fois centenaires,
Peut voir vibrer des éphémères
Au sein d’infimes océans !
« Newton fait dans le prisme éclore
D’un rayon qui l’a traversé
Tout un arc-en-ciel nuancé
Comme un bouquet multicolore
D’une tige unique élancé !
Et sur l’écran qui s’en irise
Le chimiste apprend des soleils,
Par une sublime analyse,
Leurs éléments qu’avec surprise
Il trouve aux corps connus pareils.
« Docile aux formules fécondes
Qu’enchaîne élégamment Fresnel
La lumière enfin sort des ondes,
Vénus de l’éther éternel !
Elle est sœur du son qui s’élève
Des flots entremêlés de l’air
Et, voilé tantôt, tantôt clair,
Dans le plaisir éveille un rêve.
D’un fil visible rattachant
Les perles que la gamme égrène,
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