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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/379

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stella

Je vois s’épanouir cette autre humanité,
Comme la floraison d’un radieux été.

faustus

Prends garde ! Souviens-toi des serres parfumées
Où bientôt, dans l’oubli d’odeurs accoutumées,
Une torpeur croissante alanguissait les pas :
Tel le bonheur inné ne se sentirait pas.
Souviens-toi qu’en dépit des plus sûrs diadèmes
Les héritiers des rois portaient sur leurs fronts blêmes
D’un vague et sombre ennui le misérable sceau
Pour avoir respiré la grandeur au berceau.

la mort

N’espérez point, la peine étant d’ici proscrite,
Que la volupté même, égale et sans mérite,
Soustraye son délire au niveau de l’ennui :
L’ivresse, allègre hier, meurt dolente aujourd’hui,
À moins d’être le prix, toujours suave à l’âme,
Des victoires qu’en soi la conscience acclame ;
Et le cœur ne jouit que des biens retrouvés
Ou de ceux qu’il achète à des maux éprouvés.
 

stella

N’est-il pas une joie, hélas ! qu’un deuil n’altère,
Qui ne soit d’une peine, en naissant, tributaire ?