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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/382

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Que le fruit des vertus est le bien souverain !
Le devoir au désir imposera son frein.

faustus

La volupté plus proche, avant tout poursuivie,
Engendre les rivaux, la colère et l’envie.
Quel péril l’amour même au bonheur fait courir !

stella

Je t’aimerais encore au risque d’en souffrir.
Allons ! n’ajournons point par un subtil sophisme
Le généreux rachat d’un aveugle égoïsme,
Et puis n’importe ! épine ou fleur, mousse ou granit,
Où se pressent deux cœurs tout leur devient un nid !

faustus

Ah ! je n’espère plus d’autre douceur au monde
Que de sentir la peine en charité féconde.
Et c’est pourquoi j’hésite, en voyant reverdir,
Se repeupler de nids, de fleurs, et resplendir
Au soleil caressant et chaud ce pauvre globe
Que le départ du maître au servage dérobe,
J’hésite à le lui rendre, et doute avec effroi
Si même son malheur ferait heureux son roi !

stella

Se peut-il qu’en ton choix le repos de la brute
À la félicite des âmes le dispute,