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Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/70

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Ta voix pure à l’accent profond,
Dont la douceur est meurtrière,
La musique de ta prière
Au bord des lèvres qui la font ;

Tes cheveux perlés de tes larmes
Et plus riches du peigne ôté,
Ta jeune et profane beauté,
Œuvre du Dieu que tu désarmes.

Hélas ! tu peux faire un martyr
De l’abandonné qui t’adore,
Mais, en priant plus belle encore,
Tu ne le feras point partir.

Il te faudrait devenir laide
Pour éteindre l’amour en nous :
Tu nous blesses, même à genoux,
Et ta blessure est sans remède.