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AU LECTEUR
J’avais cueilli ces fleurs sur le bord de la route
Où m’ont jeté les bons et les mauvais hasards,
Mais je n’osais livrer des souvenirs épars ;
J’en fais une guirlande, ils plairont mieux sans doute.
Fraîche encore, une rose y pleure goutte à goutte ;
J’y mets une pensée aux ténébreux regards.
Puis les plantes des lacs, de rêveurs nénuphars,
Puis des épis naissants : ma vie y sera toute.
La tienne aussi, lecteur, car les hommes entre eux
Sont en cela pareils, qu’heureux ou malheureux.
Ils ont pleuré d’amour et pensé sans connaître.
Qu’ils ont au moins perdu vingt printemps à rêver,
Et qu’enfin tous un jour ont voulu se lever
Et semer quelque chose avant de disparaître.