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Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/85

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Sourit : « Va, » lui dit-il. Et le long du chemin
Le peuple saluait l’aventurier divin.

Les étables dormaient dans l’imposant silence
Des choses que la mort détruit sans violence,
Et calmes poursuivaient au jour leur œuvre impur :
Tel un corps de Titan qui pourrit sous l’azur.
Hercule, mesurant à sa vigueur la peine,
Espérait en finir sur l’heure et d’une haleine :
La porte était fermée, il en tord les vieux fers,
Et dans le noir cloaque entre comme aux enfers.
Aussitôt l’araignée en son gîte surprise
Se sauve en l’aveuglant de son écharpe grise ;
Il descend jusqu’aux reins dans un marais profond,
Et se heurte la tête aux poutres du plafond ;
L’air plein d’acres odeurs le suffoque et l’oppresse ;
Des taureaux morts, croupis dans une ordure épaisse,
Encombrent le chemin, l’un sur l’autre couchés ;
Des reptiles luisants glissent effarouchés ;
Il sent sous ses talons fuir des vivants funèbres ;
Et la chauve-souris, prêtresse des ténèbres,
Sous le toit en criant trace de noirs éclairs ;
Les mouches au vol lourd qui rôdent sur les chairs
Font luire et palpiter l’or douteux de leurs ailes.