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réflexions sur l’art des vers

ception la plus aisée possible, et la satisfaction la plus complète possible. En tant que vers, il offre même cette particularité de comporter, bien que ses syllabes soient en nombre pair, deux sortes de rythme irrégulier, conformes à la troisième loi énoncée plus bas.

Voici un fragment d’une strophe de Victor Hugo, offrant toutes les divisions rythmiques dont le vers de huit syllabes est susceptible :


1Ainsi — ce souvenir qui pèse
2Sur nos ennemis — effarés ;
. . . . . . . . . . . .
3Cette incompara — ble fortune,
4Cette gloir — e aux rois importune,
5Ce nom si grand, — si vite acquis,
6Sceptre uniqu — e, exil solitaire,
7Ne valent pas — six pieds de terre
8Sous tes canons — qu’il a conquis.


On pourrait, sans fausser la diction, assigner dans quelques-uns de ces vers une autre place à la césure ; dans le premier, par exemple, la placer après la sixième syllabe : « Ainsi ce souvenir