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réflexions sur l’art des vers

Victor Hugo, a reçu tout son complément, a épuisé tout le progrès que sa nature comportait. Tout ce qui le constitue c’est, en effet, la régularité du rythme principal, le nombre des syllabes qui en détermine chaque période et celui qui fixe la longueur du vers, puis le jeu du rythme irrégulier dans ce concert. Nous ne voyons pas d’autres éléments de la versification. Or, si notre analyse de ces éléments primordiaux est exacte, nous sommes, toute restreinte qu’elle est, autorisés à croire qu’ils avaient fourni leur dernier stade d’évolution au moment même où les récentes écoles de poésie ont entrepris d’en créer un nouveau ; quelque faute, du reste, que nous ayons pu commettre dans cette rapide étude, nous n’attachons de prix qu’à la méthode positive dont nous y avons essayé l’application. Elle oblige à définir, à préciser ; grâce à elle, si l’un des adversaires se trompe, il offre aux autres l’avantage de pouvoir surprendre l’erreur, car elle se présente sans nuage et de face. Nous serions heureux si les détracteurs de la phonétique traditionnelle du vers telle que Victor Hugo l’a laissée daignaient