Les Laurentides elles-mêmes tiennent d’un ordre au-dessus du commun. C’est de la noblesse antique. Elles sont venues au monde avant les autres montagnes du globe. Par les pierres qu’elles nous montrent et qui datent des temps de la première solidification de la croûte terrestre, par l’étendue en longueur et en largeur de ces masses, on voit qu’elles ont subi la secousse des feux intérieurs, alors que cette fournaise était dans sa plus grande activité et que la rotondité de la boule où nous sommes a commencé à être déformée, bosselée par la déchirure de cinq cent lieues sur vingt que ces pierres lui ont infligée en perçant et culbutant ce qui leur faisait obstacle, pour s’élever au-dessus du niveau chauve et plat appelé la terre. Les savants disent que les Laurentides sont les aînées d’entre les montagnes. Avouons qu’elles portent assez gentiment leur âge.
Quand d’aussi gigantesques blocs sortaient du sol par la poussée des volcans et allaient s’enfaîter jusque dans les airs à plusieurs centaines de pieds, sous forme de mamelons ou de dos d’âne, on comprend