messe dans la nouvelle chapelle, assisté du Frère Pacifique, lequel n’était pas prêtre, quoi qu’on en ait écrit. Les historiens qui font assister Champlain à la messe du 25 juin, à Québec, n’ont pas tenu compte des dates qui prouvent le contraire.
Au lieu de reprendre de suite le chemin du saut Saint-Louis, Champlain fut retardé dix jours. Comme il remontait le fleuve, il rencontra, au dessus de Sorel, Pontgravé et le Père Jamay qui descendaient.
Le Père Le Clercq, qui vint au Canada soixante ans plus tard, a écrit que, le 26 juillet, une messe fut célébrée aux Trois-Rivières par le Père Le Caron. Cela est impossible, puisque ce religieux était parti de Montréal pour les pays d’en haut dès avant le 8. D’ailleurs, le Père Le Clercq place la traite de cette année aux Trois-Rivières, tandis qu’elle eut lieu au saut Saint-Louis. Il est probable, toutefois, que Pontgravé s’arrêta aux Trois-Rivières vers le milieu de juillet, après avoir rencontré Champlain, comme nous l’avons dit, et que le Père Jamay, qui l’accompagnait, ait célébré le saint sacrifice durant son séjour au milieu des Sauvages réunis en cet endroit ; mais il n’en reste point de preuve dans les auteurs.
Sur cette question controversée des premières messes, nous avons suivi les belles recherches de M. l’abbé Laverdière.
Lorsque Champlain arriva au saut Saint-Louis, le 8 juillet, le Père Le Caron en était parti avec les Sauvages, qui l’avaient vainement attendu (Champlain), et s’étaient montrés assez mécontents de son absence. Douze Français avaient suivi le Père. Le 9, Champlain s’embarqua avec deux interprètes (Étienne Brulé et le nommé Thomas, croyons-nous), conduits par dix Sauvages, le tout en deux canots. De la rivière des Algonquins (l’Ottawa), il passa dans la Matawan, le lac Nipissing, la rivière dite plus tard des Français, et arriva au lac Huron. Continuant son voyage, il se trouva, le premier août, dans la bourgade huronne d’Otouacha ; il visita successivement les villages de la baie de Pénétangouchine et du lac Simcoe. Partout, il fut reçu à bras ouverts. La narration qu’il nous a laissée est des plus intéressantes. Dans l’un de ces villages, appelé Carhagouha, véritable place fortifiée, il retrouva le Père Le Caron, très surpris de le voir en ce pays. Le 12 août, la messe y fut célébrée ; ce n’était pas la première, puisque le Père en avait dit une autre à Otouacha, ou aux environs, quelque temps auparavant.
Champlain exhortait ses alliés à presser leurs préparatifs de guerre ; car il désirait reprendre ensuite promptement le chemin de Québec. On lui expliqua que les Hollandais ou Flamands, qui avaient fondé un poste[1] l’année précédente, prenaient parti pour les Iroquois, et suivaient ceux-ci à la guerre contre les alliés des Hurons. Trois Flamands ayant été faits prisonniers dans ces rencontres, les alliés en question les avaient renvoyés, croyant que c’étaient des Français, dont parlaient depuis longtemps leurs amis les Hurons. Rien ne nous explique pourquoi ces Européens, qui ne devaient craindre ni les Hurons ni leurs alliés, menaient la guerre à ceux-ci et entretenaient la haîne entre ces pauvres nations. Champlain n’était pas, sur le Saint-Laurent, dans la même situation que les Hollandais
- ↑ Sur la rivière Hudson, dans une île, près de la ville actuelle d’Albany.