Aller au contenu

Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome I, 1882.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

nombre de navires, et de toutes qualités, arts et industrie pour plus avant entrer ès dits pays, converser avec les peuples d’iceux et avec eux habiter (si besoin est) afin de mieux parvenir à notre dite intention et à faire chose agréable à Dieu notre créateur et rédempteur, et que soit à l’augmentation de son saint et sacré nom et de notre mère sainte église catholique, de laquelle nous sommes dit et nommé premier fils : par quoi soit besoin pour meilleur ordre et expédition de la dite entreprise, députer et établir un capitaine-général et maître pilote des dits navires, qui ait regard à la conduite d’iceux, et sur les gens, officiers et soldats y ordonnés et établis.

« Savoir faisons que nous, à plein confiant de la personne du dit Jacques Cartier et de ses sens, suffisance, loyauté, prud’homie, hardiesse, grande diligence et bonne expérience, icelui, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, avons fait, constitué et ordonné, faisons, constituons, ordonnons et établissons par ces présentes, capitaine-général et maître pilote de tous les navires et autres vaisseaux de mer, par nous ordonnés être menés pour la dite entreprise et expédition, pour le dit état et charge de capitaine-général et maître pilote d’iceux navires et vaisseaux ; avoir, tenir et exercer par le dit Jacques Cartier, aux honneurs, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, gages et bienfaits tels que par nous lui seront pour ce ordonnés, tant qu’il nous plaira ; et lui avons donné et donnons puissance et autorité de mettre, établir et instituer aux dits navires tels lieutenans, patrons, pilotes et autres ministres nécessaires pour le fait et conduite d’iceux, en tel nombre qu’il verra et connoîtra être besoin et nécessaire pour le bien de la dite expédition.

« Si donnons en mandement par ces dites présentes à notre amiral ou vice-amiral que prins[1] et reçeu du dit Jacques Cartier le serment pour ce dû et accoutumé, icelui mettent et instituent, ou fassent mettre et instituer, de par nous, en possession et saisine du dit état de capitaine-général et maître pilote ; et d’icelui, ensemble des honneurs, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, gages et bienfaits, tels que par nous lui seront pour ce ordonnés, le fassent, souffrent et laissent jouir et user pleinement et paisiblement, et à lui obéir et entendre de tous ceux, et ainsi qu’il appartiendra ès choses touchant et concernant le dit état et charge ; et outre, lui fasse, souffre et permette prendre le petit galion appelé « l’Émérillon[2], » que de présent il a de nous, lequel est jà vieil et caduc, pour servir à l’adoub de ceux des navires qui en auront besoin, et lequel nous voulons être prins et appliqué par le dit Cartier pour l’effet dessus dit, sans qu’il soit tenu en rendre aucun autre compte ni reliquat ; et duquel compte et reliquat nous l’avons déchargé et déchargeons par icelles présentes.

« Par lesquelles nous mandons aussi à nos prévôts de Paris, baillis de Rouen, de Caen, d’Orléans, de Blois et de Tours ; sénéchaux du Maine, d’Anjou et Guienne, et à tous nos autres baillis, sénéchaux, prévôts, alloués et autres nos justiciers et officiers, tant de notre

  1. C’était anciennement le participe passé du verbe prendre.
  2. La Petite-Hermine avait été abandonnée près de Québec, au printemps de 1536. On en a retrouvé la carcasse en 1843.