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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Cartier parle des Toudamans, gens du sud, qui menaient la guerre aux Sauvages de Québec, et qui poussaient leurs courses jusqu’au golfe.

La carte de Lescarbot (1609) place les Toudamans sur la rive sud du fleuve, entre Québec et les Trois-Rivières. Cependant, cet auteur n’ayant jamais visité le fleuve, il ne faut pas attacher trop d’importance à sa carte. Les mots « gens du sud, » dont se sert Cartier, et ce que nous savons du site où étaient les cantons iroquois, nous donnent l’assurance que ce ne pouvait être entre Québec et les Trois-Rivières, mais bien en haut de la rivière Sorel, comme nous l’avons dit. Du reste, cette même carte de Lescarbot indique la rivière Sorel sous le nom de rivière des Iroquois, et quelque part, vers Saint-Hyacinthe, sont placés des campements avec le mot Iroquois. Sans être très correct, Lescarbot est encore ici un bon guide.

Les Sauvages visités par Cartier à Hochelaga (1535) avaient des habitations à la mode iroquoise. Les mots recueillis chez eux en cette occasion sont des mots iroquois. Or, comme ils paraissent avoir été détachés des Toudamans qui faisaient la guerre aux Algonquins de Québec, l’on peut voir en cela une preuve que toutes les tribus iroquoises n’avaient point été chassées d’abord par les Algonquins, ou que l’une de ces tribus avait réussi à reprendre possession du haut du fleuve ; c’est la tradition des Onontchataronnons rapportée plus haut. Néanmoins, les gens d’Hochelaga étaient ennemis de ceux de Québec.

« De la relation de Cartier et des récits des Sauvages, dit l’abbé Ferland, l’on peut inférer qu’un parti de Hurons, après avoir chassé les Onontchataronnons, était resté avec quelques-uns de ces derniers dans l’île de Montréal et y avait établi la bourgade que les Français trouvèrent, au pied de la montagne, en 1535. Plus tard, les Hurons, harcelés par les anciens possesseurs de l’île, et peut-être par les Agniers, auront été forcés de se replier vers le gros de la nation. »

C’est de cette manière, croit-on, que le peuple de langue huronne-iroquoise, que Cartier avait visité, disparut de l’île, entre 1535 et 1608.

Au temps de Cartier, les Toudamans (ou Tsounontouans) figurent seuls du côté des Iroquois.

Pendant la seconde moitié du même siècle (1550–1600) la lutte se fait entre les Algonquins et les Agniers principalement.

Il faudrait donc croire que les Tsonnontouans d’abord, et les Agniers ensuite, soutinrent les premiers la guerre de représailles contre les Algonquins, sans parler de la reprise de Montréal par les Hurons avant la découverte de Jacques Cartier.

La rivière de Sorel s’appelait rivière des Agniers, nation iroquoise, du temps de Sagard (vers 1625).

Les Houendats ou Hurons, dont les instincts pacifiques s’accommodaient mal du régime guerrier adopté par presque toutes les tribus de leur race, semblent s’être tenus à l’écart du principal groupe iroquois, à partir du temps où ils furent forcés de quitter l’île de Montréal, ce qui eut lieu, selon les apparences, plusieurs années après le départ de Jacques Cartier et