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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Avec Jean Godefroy était sans doute venu son frère Thomas, sieur de Normanville, interprète et homme d’une bravoure souvent signalée. De 1634 à 1652, il demeura aux Trois-Rivières. C’est près de ce lieu que les Iroquois le firent prisonnier (1652) ; il périt sur le bûcher.

« Jean-Paul », ainsi mentionné par Champlain en 1623, était peut-être Jean-Paul Godefroy, parent des deux Godefroy ci-dessus. Il était fils de Robert Godefroy et de Marie Marteau, de Saint-Nicolas-des-Champs, Paris. Nous le voyons commis de la traite aux Trois-Rivières (1636) ; commandant les navires de France à Québec (1648) ; membre du conseil de la colonie ; envoyé en mission à Albany (1651). Il avait épousé, à Québec (1646), Marie-Madeleine, fille de Pierre Le Gardeur de Repentigny. Il ne laissa pas de postérité ; l’une de ses filles, Charlotte, se fit religieuse ursuline à Québec.

Honorable homme Guillaume Hubou, natif de la Normandie, épousa, le 16 mai 1629, Marie Rollet, veuve de Louis Hébert, et demeura à la côte Sainte-Geneviève.

François Marguerie, né 1614, fils de François Marguerie et de Marthe Romain, de Saint-Vincent de Rouen, Normandie, est du nombre des interprètes du temps de Champlain qui ont le plus attiré l’attention des historiens. Il se noya, en 1648, près des Trois-Rivières.

Robert Giffard, né 1587 à Mortagne, au Perche, était attaché, comme médecin, aux vaisseaux qui faisaient le voyage annuel du Canada. En 1627, une cabane qu’il s’était fait construire à la Canardière, pour jouir de la chasse et de la pêche, fut le théâtre du meurtre d’un nommé Dumoulin et d’un autre Français, domestique de Mme  Hébert, que les sauvages avaient pris pour le serviteur et le boulanger du docteur Giffard.

Soit que la compagnie de la Nouvelle-France n’eût pas encore songé à envoyer des vivres à Québec, ou que de Caen se fût chargé de ce soin, toujours est-il que l’automne de 1627, après le départ des vaisseaux, on constata que le poste était très mal approvisionné. « Je m’étonnais, écrit Champlain, comme l’on nous laissait en des nécessités si grandes, et en attribuait-on les défauts à la prise d’un petit vaisseau par les Anglais, qui venaient de Biscaye, comme le dit sieur de Caen me le mandait… Nous demeurâmes cinquante-cinq personnes, tant hommes que femmes et enfants, sans comprendre les habitants du pays… Sur ces cinquante-cinq personnes, il n’y avait que dix-huit ouvriers, et il en fallait plus de la moitié pour accommoder l’habitation du cap Tourmente, faucher et faire le foin pour le bétail pendant l’été et l’automne… »

Cet état de gêne allait en s’aggravant, et, à la fin de juin 1628, les secours de France n’étaient pas encore arrivés. De Caen avait eu la précaution d’emporter de Québec les barques, voiles et cordages dont Champlain eût pu tirer parti pour aller au devant de la flotte. Il avait fait plus dans sa trahison, car c’en était une : il avait donné avis aux Anglais de la situation de la colonie. La guerre de religion rallumée en France servait de prétexte à la conduite de ce marchand dépité. Les huguenots trouvaient à satisfaire leur haîne contre l’établissement de Québec, qu’ils avaient constamment vu d’un mauvais œil, et qu’ils voulaient ruiner par le fer et le feu, puisque l’occasion s’en présentait. Les frères Louis, Thomas et