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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

la douleur qu’éprouvaient les habitants plus particulièrement que tous les autres : « Quel amour, dit ce missionnaire, notre défunt gouverneur n’avait-il pas pour les familles d’ici ! disant qu’il les fallait secourir pour le bien du pays et les soulager en tout ce qu’on pourrait en ces nouveaux commencements, et qu’il le ferait si Dieu lui donnait la santé… On lui fit un convoi fort honorable, tant de la part du peuple que des soldats, des capitaines et des gens d’église. Le père Lalemant y officia ; on me chargea de l’oraison funèbre où je ne manquai pas de sujet. »

En attendant que les poètes canadiens étudient la carrière de ce grand homme et chantent ses travaux, sa mort — son souvenir resté si profondément dans le cœur de notre population — les archéologues cherchent le lieu de la sépulture du père de la patrie ; mais ce tombeau, qui peut-être ne sera jamais trouvé dans le roc ni dans le sable, est dignement remplacé par un immense respect. Deux cent quarante ans se sont écoulés, et le nom de Champlain fait encore incliner nos têtes, des rivages de Gaspé aux montagnes de la Colombie anglaise, et des sources de l’Ottawa jusqu’à la baie de New-York — partout enfin où la race canadienne s’est étendue. « S’il est mort hors de France, son nom n’en sera pas moins glorieux à la postérité ! » s’écriait le père Le Jeune, témoin des œuvres de celui dont il célébrait les vertus, et parlant d’avance au nom de l’Histoire.