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CHAPITRE VI

1636 — 1639


Familles établies de 1636 à 1639. — Collège des jésuites. — Religieuses hospitalières et ursulines.



E

n six ou sept années (1632-39), les agents de la compagnie, ou plutôt quelques concessionnaires de seigneuries avaient amené plusieurs cultivateurs — les vrais éléments de la force future du Canada — mais sans atteindre le chiffre sur lequel on était en droit de compter. Pour se défendre de ce manque de parole, les directeurs disaient que leur entreprise étant une œuvre religieuse aussi bien que nationale, leur sollicitude s’étendait non-seulement sur les Français, mais encore sur les sauvages, dont la conversion et la civilisation étaient l’objet de leurs vœux les plus sincères ; et en conséquence, ils prenaient un soin tout particulier du choix des colons, voulant avant tout former une population morale, religieuse et propre à édifier les infidèles.

Il n’y a pas à douter du rôle qu’a joué l’influence du clergé dans le recrutement de nos colons ; les étrangers l’admettent, et on est surpris de voir ensuite ceux-ci affirmer — sans preuve — que nous descendons d’une classe de misérables chassés par les tribunaux français. Ces deux propositions ne s’accordant pas, passons outre et faisons plutôt un reproche à la compagnie des Cent-Associés qui négligea si impolitiquement de fortifier le Canada par l’envoi de nombreuses familles, choisies comme celles que nous allons faire connaître, car la France n’en a jamais été dépourvue :

Pierre de Launay, né 1616, fils de Gilles de Launay et de Louise Dubois, de Fresnay-le-Boesme, au Maine, est cité comme l’un des commis de la compagnie, en janvier 1636 ; en 1645, il épousa, à Québec, Françoise, fille de Louis-Henri Pinguet ; sa descendance existe encore.

Jacques Gourdeau, sieur de Beaulieu, né 1614, fils de Nicolas Gourdeau, procureur au siège royal de Niort, Poitou, contribua, avec Jean Bourdon, à composer le feu d’artifice[1] qui fut tiré à Québec, le 19 mars 1637, en l’honneur de saint Joseph, patron du pays ; en 1652, à Québec, il épousa Éléonore de Grandmaison, veuve du sieur de Chavigny ; il fut assassiné (1663) dans sa maison, à l’île d’Orléans, avec l’un de ses domestiques ; sa descendance est nombreuse dans les environs de Québec.

  1. Voir la gravure et le récit, p. 9, Relation de 1637.