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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

et Montreuil. On sait que la coutume du temps était de prendre un surnom qui, le plus souvent, remplaçait celui de la famille souche.

Honorable homme René[1] Maheu, parent des Couillard, était de Mortagne, au Perche. En 1648 il épousa Marguerite Corriveau. Il était pilote sur le fleuve Saint-Laurent. Vers 1651 il demeurait à l’île d’Orléans, et c’est près de sa maison que le grand-senéchal Jean de Lauson fut tué (1661). Louis, fils de René Maheu, fut chirurgien à Québec.

Jacques Maheu, fils de Nicolas Maheu et de Louise Chichon, de Bubertz ou paroisse Saint-Michel Auvertuy, au Perche, épousa à Québec, le 26 septembre 1639, Anne Convent, née 1601, veuve de Philippe Amyot. En 1646, Maheu était « le plus proche habitant du coteau Sainte-Geneviève. » De 1659 à 1661, on le voit faire la pêche à la morue et au loup-marin, à Gaspé. Il demeurait alors au Chateau-Richer.

De 1639 à 1700, sept chefs de famille du nom de Maheu se fixèrent dans les environs de Québec ; deux étaient du Perche, un du diocèse de Meaux. Ils ont laissé une nombreuse postérité.

René Mézeray, né 1611, à Thury près Caen, Normandie. Il se maria à Québec (1641) avec Hélène Chastel et n’en eut point d’enfant. Sa seconde femme, Nicole Gareman, lui en donna douze, dont plusieurs furent les chefs de nombreuses familles établies autour de Québec.

Robert Caron épousa à Québec, 25 octobre 1637, Marie Le Crevet ou Le Crevel, née 1621, en Normandie. Il fut un des premiers habitants de Sainte-Anne et Saint-Joachim ; sa descendance occupe encore la terre qui lui fut concédée ; plusieurs branches se sont répandues non-seulement à la côte de Beaupré, mais sur la rive sud du fleuve et dans le gouvernement des Trois-Rivières, où cette famille a fourni au clergé et à la politique des hommes distingués. Feu l’honorable René-Édouard Caron, lieutenant-gouverneur de Québec (1873-76), et le fils de celui-ci, l’honorable Adolphe-Philippe Caron, actuellement ministre de la milice et de la défense, sont issus de la branche demeurée à la côte de Beaupré.

Claude Poulin, de Tourouvre, au Perche, épousa à Québec, le 3 août 1638, Jeanne Mercier. En 1640, il est mentionné aux Trois-Rivières, mais il alla bientôt s’établir à la côte de Beaupré.

Étienne Racine, né 1607, fils de René Racine et de Marie Loysel, de Fumichon près Lisieux, en Normandie, passa contrat de mariage à Québec, le 16 novembre 1637, avec Marguerite, fille d’Abraham Martin, âgée de treize ans dix mois et douze jours. Le mariage eut lieu le 22 mai suivant. « Étienne Racine, Robert Caron et Claude Poulin furent des premiers habitants de la côte de Beaupré ; ils s’établirent dans la partie qui forme aujourd’hui les paroisses de Sainte-Anne et de Saint-Joachim ; les terres qu’ils y prirent avaient de huit à dix arpents de largeur sur une lieue et demie de profondeur. Tous trois furent chefs de familles patriarcales, qui ont conservé jusqu’à ce jour les héritages de leurs pères, avec leurs

  1. Louis Maheu, qui fut parrain de Louis Joliet (1645), devait être frère de René ci-dessus.