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histoire des canadiens-français

Envoyons aux académies scientifiques une collection de crânes canadiens, avec prière de définir les rapports d’origine qui peuvent exister entre les Québecquois modernes et le peuple de Sorel, ou entre ce dernier et celui du Mont-Royal, ou encore entre la race qui borde l’Ottawa et celle qui habite les Trois-Rivières, et surtout pour établir la distinction qu’il y a entre French Canadians et Canadiens-français. On nous procurera, sans doute, un pendant à la fameuse dissertation qui place les Saulteux et les Chippewa dans deux classes d’hommes bien distinctes quant à leur origine respective. Les crânes de ces sauvages ont été comparés, étudiés, etc., et ils attestent de deux créations différentes, ce qui n’empêche pas que les Chippewa et les Saulteux sont, comme les Englishmen et les Anglais, une seule et même race !

Les mariages entre Européens et sauvages n’ont fourni qu’une très faible part de sang mêlé à la race canadienne. Voici les plus anciens que nous connaissons :

1647, à Québec, Martin Prévost épouse une Algonquine, Marie-Olivier-Sylvestre Manitouab8ich. Ils eurent neuf enfants, dont six se sont mariés.

1648, Pierre Boucher se marie à Québec, en premières noces, avec une Huronne instruite. Pas de descendance.

1654, ou même auparavant, aux Trois-Rivières, François Blondeau épouse la fille du chef algonquin Pigarouich ; ils ont laissé plusieurs enfants.

1657, aux Trois-Rivières, Pierre Couc dit Lafleur épouse une Algonquine qui paraît avoir été parente des Pachirini, comme aussi la première femme de Pierre Boucher.

1660, François Pelletier se marie à Québec avec « Dorothée la Sauvagesse ». Pas d’enfant ; mais un des fils de Pelletier, d’un second mariage avec une Française, épousa en 1697, à la Sainte-Famille, une Algonquine.

1662, Laurent du Bocq épouse Marie-Félix Arontio, Huronne, à Québec. Ils ont laissé plusieurs enfants mariés, et une religieuse ursuline.

1662, Jean Durand épouse, à Québec, Catherine Annennontak ou Ananonta, Huronne, surnommée « créature de Dieu ». Elle avait treize ans. Ils laissèrent plusieurs enfants. En 1672, Catherine, devenue veuve, se remaria avec Jacques Couturier, et, en 1679, en troisièmes noces, à Batiscan, avec Jean, fils d’Étienne de Lafond et de Marie Boucher, sœur de Pierre Boucher.

1667. La mère de l’Incarnation mentionne une sauvagesse confiée à ses soins qui se maria « à un Français qui a une bonne habitation. »

1683. Louis Couc dit Montour (fils de Couc dit Lafleur mentionné plus haut) prend une Socokie pour femme « à la manière des sauvages ». Sa descendance existe dans le district des Trois-Rivières.

1685. Jean-Baptiste Darpentigny paraît avoir épousé, cette année, une sauvagesse du nom de Madeleine-Thérèse. Il existe encore des sauvages du nom de Darpentigny.

La dernière invention est due au Times de Londres — un journal qui devrait nous connaître mieux et depuis plus longtemps que tous ses confrères européens : « Voyez, dit-il, les