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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome III, 1882.djvu/164

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histoire des canadiens-français

« Le 22 novembre, La Vigne[1] sergent nous apporta au père Richard, dans notre maison de Québec, un exploit, pour comparaître à l’audience le mardi suivant, 27 du dit mois, et répondre à la requête présentée par M. d’Allet au nom de M. l’abbé Quélus, à M. Chartier, lieutenant-général de Québec, par laquelle requête il demande que les pères jésuites aient à quitter leur maison pour y loger le dit abbé comme curé de la paroisse de Québec, ou de rembourser six mille livres à eux données par la communauté pour faire un presbytère. »

Dans une note placée au bas de cette page du Journal, MM. les abbés Laverdière et Casgrain disent : « Les jésuites, ayant été laissés libres, en 1645, d’accepter six mille livres pour bâtir un presbytère sur le terrain de l’église, ou de bâtir sur leur propre fonds, en remettant la même somme à la compagnie des Habitants, avaient préféré ce dernier parti, et avaient effectivement remis les six mille livres, en 1655, au trésorier de la dite communauté. À son arrivée, M. l’abbé de Queylus, devenu curé de Québec et se trouvant sans presbytère, intenta une action aux pères jésuites, pour leur faire remettre à la paroisse le nouveau logis qu’ils venaient de bâtir, ou rembourser les six mille livres. Le jugement interlocutoire du sénéchal leur fut signifié, comme on le voit ici par le Journal, le 22 novembre 1657, et quatre mois après, le 23 mars 1658, le gouverneur, M. d’Ailleboust, rendit un jugement définitif, par lequel il déclarait que « la communauté des Habitants demeurait dûment chargée de payer, à la décharge et en l’acquit des dits pères jésuites, la dite somme de six mille livres, condamnant le procureur de la dite communauté, Jean Gloria, à payer, par préférence aux autres dettes de la dite communauté, la dite somme de six mille livres, pour être employée à la bâtisse du dit presbytère. »

Le 11 juillet 1658, dit la Relation de cette année, « arriva à Québec monsieur le vicomte d’Argenson, envoyé par Sa Majesté et par messieurs de la compagnie de la Nouvelle-France pour gouverner le pays. Aussitôt que son navire eut mouillé l’ancre, M. Dailleboust, qui tenait sa place en attendant sa venue, l’alla saluer dans son abord, pendant que les habitants de Québec étaient en armes sur le quai. »

« Le 28 juillet 1658, ajoute le Journal, M. le gouverneur nous fit l’honneur, avec M. l’abbé Queylus, de dîner chez nous, où il fut reçu par la jeunesse du pays d’un petit drame[2] en français, huron et algonquin, dans notre jardin, à la vue de tout le peuple de Québec. Le dit sieur gouverneur témoigna être content de cette réception. » Voici les noms des personnages de ce drame :


Le Génie universel de la Nouvelle-France Pierre Dupont.
Le Génie des Forêts, interprète des étrangers René Chartier.
Les quatre Français qui chantent les compliments Denys Masse, Charles Sevestre, J. Fr. Buissot, Ign. de Repentigny.
Le Sauvage Huron. Charles Denys.
L’Algonquin J. Fr. Bourdon.
Étranger du Sud — Guill. Brassart Étranger du Nord — Paul Denys.
Captif Huron — J. B. Morin Captif Nez-Percé — Jean Poupart.
  1. Jean Levasseur dit Lavigne, huissier, natif de Rouen, marié, vers 1648, avec Marguerite Richard. Il était à Québec, avec sa famille, en 1652. Sa descendance est nombreuse.
  2. En 1651, la tragédie d’Heraclius, de Corneille, avait été jouée à Québec, chez les jésuites.