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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

autres ne leur permet pas d’être nées dans la colonie, vu qu’il porte la date de leur naissance avant 1632. » Il faut se rappeler, toutefois, que M. Rameau cite comme ayant été amenés par Razilly (1632-36) Aucoin, Bayols, Lejeune et Pelletret. Guyon était probablement François Guyon, le fameux corsaire, dont une sœur aurait épousé Belliveau.

Ce recensement contient plusieurs omissions, comme ceux du Canada. Il n’est fait mention ni des chevaux ni des porcs ; nous savons par le mémoire de Lamothe-Codillac qu’il y en avait beaucoup. Le total des habitants (âmes) est de quatre cent quarante. C’était la situation du Canada vers 1643, moins la guerre des Iroquois. L’année 1672 il arriva de France soixante personnes, soldats, engagés et colons, parmi lesquelles une famille et quatre filles.

L’automne de 1672, Talon accorda trois seigneuries (voir page 93 du présent volume), savoir : À Pierre de Joybert, major en Acadie, quatre lieues de front à l’est du fleuve Saint-Jean ; la maison du fort Jemsek, lui appartiendra tant qu’il aura la commission de commander sur le fleuve. À Joybert de Soulanges, son frère, deux lieues de front sur le fleuve à la suite de la seigneurie précédente et jusqu’à la mer. À Martin d’Arpentigny, six lieues de front sur six lieues de profondeur, étant partie des cinquante lieues de front concédées autrefois à Claude de Latour et qui revenaient à la couronne faute d’avoir été mises en valeur. À Jacques Potier de Saint-Denis, deux lieues de front au fleuve, au-dessus de la concession de d’Arpentigny, à condition de tenir feu et lieu dans l’an, et qu’il stipulera la même clause dans les contrats qu’il fera à ses tenanciers. Il est probable aussi que, dès cette époque, Michel Leneuf de la Vallière s’était fait donner les terres de Beaubassin (Chignitou) car il y demeurait trois ou quatre années plus tard. Le nombre des seigneuries en 1672 était de quinze.

On ne tarda pas à s’apercevoir que Pentagoët ne ferait jamais un chef-lieu approprié aux besoins de l’Acadie. Les communications avec le Canada par le chemin de Kennebek présentaient de grandes difficultés, tandis que les navires pouvaient relever en peu de temps tous les postes le long des côtes et, passant par le golfe, se rendre à Québec avec leur chargement. Du port de Shédiac (baie Verte), un court portage conduisait au fond du bassin des Mines, à Chignitou. M. de Grandfontaine saisit la situation et transporta les employés de la rivière Kennebek et de Pentagoët à Port-Royal, conformément à la tradition de Poutrincourt, de d’Aulnay et des anciens du pays.

Pour couronner tous ces travaux, il fallait un livre, une description de ces vastes contrées. Nicolas Denys s’en chargea. Quarante années de résidence en faisaient un historien au courant de toutes les choses concernant l’Acadie. Il publia (1672) un ouvrage en deux volumes : « Description géographique et Historique des côtes » et « Histoire naturelle des peuples, des animaux, des arbres et plantes de l’Amérique Septentrionale. » Les écrivains ont tous loué Denys du mérite de son travail qui peint non seulement la nature physique des côtes depuis Pentagoët jusqu’au cap des Rosiers, mais traite de ce qui regarde les Sauvages, le commerce des fourrures, les bois, la pêche, la navigation, et même nous fournit des renseignements historiques précieux.


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