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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

pays, sans toutefois fouler les dits habitans que Sa Majesté veut soulager en toutes choses.

« Le dit sieur Gaudais s’informera si l’on pourrait avoir en ce pays-là quelque mine de fer, ainsi qu’on l’a rapporté ici, et quelle utilité il en reviendrait, soit au roi en faisant entreprendre ce travail, soit aux particuliers auxquels Sa Majesté en donnerait la permission, mais ce qu’il faut vérifier encore plus clairement, est s’il est vrai qu’il se trouve au dit pays une prodigieuse quantité d’arbres d’une hauteur extraordinaire, dont l’on pourrait faire des mâts pour les navires du plus grand port que le roi ait à la mer, et qu’il s’y en rencontre d’autres en abondance propres et particuliers pour toutes les parties d’un navire, en sorte qu’il sera facile d’en construire au dit pays à peu de frais, en cas que l’on y eut de bons charpentiers et des gens entendus au choix des dits arbres.

« Sur ce qu’il a été remontré au roi, que jusqu’à présent la propriété du dit pays ayant appartenu à la compagnie de ses sujets, laquelle depuis peu a remis ses droits entre les mains de Sa Majesté, il n’y avait point de justice réglée dans cette colonie, en sorte que l’autorité n’en était pas reconnue universellement, et que par le défaut de caractère de ceux qui étaient préposés pour la rendre, les jugemens qui intervenaient demeuraient le plus souvent sans exécution, Sa Majesté résolut il y a quelque tems de créer un conseil souverain au dit pays, lequel serait composé du gouverneur, de l’évêque et de cinq autres personnes, dont les expéditions ont été ici délivrées au dit sieur évêque ; c’est pourquoi il sera bien important que le dit sieur Gaudais pendant le séjour qu’il fera sur les lieux, remarque avec soin de quelle manière l’établissement de ce conseil se fera, le choix des sujets qui sera fait pour en remplir les charges, l’approbation qui y sera donnée par les habitans, et si les plus gens de bien d’entre eux estimeront que par ce moyen l’on pourra les assurer contre les entreprises des méchants, punir ces derniers selon la sévérité des lois, et généralement établir une bonne justice et la maintenir parmi eux.

« Pour ce qui est de la religion, monsieur l’évêque de Pétrée étant venu ici pour rendre compte au roi de ce qui se pouvait pratiquer, pour étendre la foi parmi les sauvages de ces contrées-là, pour bien policer cette nouvelle église et pour cultiver les bonnes dispositions que les Français ont de se conformer entièrement aux maximes du christianisme, il serait superflu que le dit sieur Gaudais s’appliquât à cette matière, parce qu’elle est particulièrement du fait du dit sieur évêque, auquel Sa Majesté a donné et donnera ci-après toutes les instructions dont il aura besoin pour la conduite de son troupeau et pour l’avancement de ses pieux desseins.

« Au surplus, comme le dit sieur Gaudais verra plus clairement sur les lieux toutes les choses qui méritent d’être observées, tant pour l’avantage du service du roi que pour celui des sujets de Sa Majesté en ce pays-là, elle remet à son activité et à sa vigilance pour s’en éclaircir, à sa prudence et à son discernement pour ne point faire d’observations qu’elles ne lui paraissent importantes, et à son zèle et son exactitude pour n’en omettre aucunes de celles qu’il croira pouvoir être utiles. »

Le 15 septembre 1663, Mgr  de Laval, M. de Mézy et M. Gaudais arrivèrent à Québec.