lui ont valu un nom dans l’Histoire. De retour sur le Saint-Laurent, il épousa[1] (3 septembre 1647) Hélène, fille du pilote Abraham Martin, et veuve de Claude Étienne. En 1649, il fit un voyage en France. Son fils, Médard, dont il sera parlé, naquit en 1651, à Québec, et perdit sa mère bientôt après. Nous avons mentionné le voyage de Chouart en Acadie[2] (1653). Le 24 août de cette année, il épousa en seconde noces, à Québec, Marguerite Hayet-Radisson, veuve de Jean Véron de Grandmesnil. Le 24 février 1654, il est cité comme sergent-major de la garnison des Trois-Rivières, où sa femme se retrouve le 25 juillet 1654 (naissance de son fils Jean-Baptiste) et le 29 mars 1655.
Il n’entrait pas dans les habitudes de Chouart de rester à la maison, même avec le grade de sergent-major et la perspective de faire de temps en temps le coup de feu contre les Iroquois. Les nouvelles apportées par les sauvages de l’ouest avaient sur l’imagination de cet homme un bien plus grand attrait. Nous concluons de ce qui précède et de ce qui va suivre que Chouart et Radisson furent les deux voyageurs qui s’embarquèrent le 6 août 1654, avec les Outaouais pour aller à la recherche de cette « précieuse rivière » dont on parlait avec curiosité.
Après Champlain l’exploration des grands lacs et les premières recherches dans le dessein de trouver la route de la Chine et du Japon sont dûs, indubitablement, à l’initiative et au zèle des pères jésuites. Sans eux, les Français dispersés, dès cette époque, dans le sud-ouest, n’y eussent poursuivi que les bénéfices du commerce des fourrures ou se fussent contentés encore plus aisément de la vie nomade, aventureuse, attrayante sous plus d’un rapport, et exempte de soucis, qu’offraient la chasse et la fréquentation des Sauvages. Entre 1635 et 1654, rien ne nous indique au juste les progrès accomplis par les missionnaires et les coureurs de bois, dans le sens des découvertes au delà des grands lacs, mais les récits du temps nous font voir que les abords de ces nappes d’eau étaient connus et visités généralement. L’imagination est frappée du spectacle de ces Français assez hardis pour pénétrer et vivre dans l’intérieur du continent, jusqu’à trois ou quatre cents lieues de Québec, à une époque où les colons de la Nouvelle-Angleterre perdaient à peine de vue la cheminée de la première maison élevée par eux sur les côtes de l’Atlantique. Les Français obéissant à l’impulsion naturelle de leur race, avaient déjà entrepris de sonder les mystères de ces contrées étranges et tout nous porte à croire que s’ils n’atteignirent pas le Pacifique un siècle avant La Vérendrye ce fut la faute d’un gouvernement qui les laissa se consumer en efforts extraordinaires mais souvent stériles.
La tradition de la compagnie de la baie d’Hudson, qui paraît avoir été en partie créée par Noël Jérémie dit Lamontagne, veut que Chouart ait pénétré (on ne précise pas la date) jusqu’à Manitoba et qu’il se soit ensuite rendu à la baie d’Hudson. Ceci ne nous paraît guère probable ; Chouart a plutôt recueilli des renseignements sur ces territoires touchant