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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Louis Jolliet, né à Québec, est cité comme « clerc de l’église » au séminaire de Québec en 1666, 1667. Du mois d’octobre 1667 au mois d’octobre 1668, il était en France[1]. Son départ avec Péré (1669) le mettait sur la voie des découvertes où il devait s’illustrer.

En même temps se préparait à Montréal une expédition qui a beaucoup occupé les historiens. La maison de Saint-Sulpice avait établi une mission à la baie de Quinté, côté nord du lac Ontario, où résidaient MM. de Fenélon et Trouvé. L’automne de 1668 deux autres prêtres du séminaire de Montréal, MM. Dollier de Casson et Michel Barthélemy, s’enfoncèrent dans les bois, à la suite d’un capitaine nipissirinien et recueillirent des renseignements qui décidèrent le premier d’entre eux à retourner assez promptement sur ses pas « pour prendre part à une grande entreprise, suivant laquelle on espérait d’aller à sept ou huit cents lieues annoncer l’Évangile dans un pays qu’on sait être très peuplé ». Un personnage qui devait faire du bruit par la suite se joignit à eux ; c’était au commencement de l’été de 1669.

René-Robert Cavelier de La Salle, né à Rouen (1643) et son frère aîné, l’abbé Jean Cavelier, paraissent être arrivés à Montréal en 1667, peu après la mort de leur père, qui laissa à René-Robert quelque bien. Ce dernier est mentionné à Montréal, au mariage du capitaine Sidrac Dugué le 7 novembre 1667. Il y avait déjà dans le pays des familles du nom de Cavelier[2]. L’hiver 1667-68, La Salle obtint du séminaire une seigneurie qu’il nomma Saint-Sulpice et qui bientôt après reçut le nom de Lachine. Il y commença des défrichements et établit un poste de traite ; puis il acheta une maison en ville. Ses rapports avec les Iroquois qui lui firent connaître vaguement l’existence de l’Ohio, le déterminèrent à rétrocéder partie de son fief au séminaire (6 janvier 1669) et le reste à Jean Millot, pour se livrer uniquement aux découvertes. Il se rendit à Québec consulter les autorités sur ses projets. « L’espérance du castor, dit M. de Galinée, mais surtout celle de trouver par ici passage dans la mer Vermeille, où M. de la Salle croyait que la rivière d’Ohio tombait, lui firent entreprendre ce voyage, pour ne pas laisser à un autre le chemin de la Chine. M. de Courcelles voulait appuyer ce dessein. » Le 15 mai (1669) Mgr. de Laval écrivait une lettre autorisant les prêtres de Saint-Sulpice à prendre part à ces expéditions lointaines dans l’intérêt du salut des âmes. MM. Dollier, Barthélemy et Galinée partirent de Montréal le 6 juillet ; on croit que la Salle les suivit de près et les rejoignit bientôt. Après avoir visité les Iroquois Tsonnontouans, à l’est du lac Ontario, ils se décidèrent à continuer leur chemin par les lacs, et le 22 septembre ils partaient de la baie de Burlington pour franchir le portage qui devait les conduire à l’Érié. C’est dans ce trajet qu’ils rencontrèrent Jolliet qui avait laissé Péré au lac Supérieur et s’en revenait par une route nouvelle dont il donna la carte, dressée par lui, aux prêtres de Saint-Sulpice. Ceux-ci crurent devoir changer leur itinéraire et chercher à passer par le pays des Outaouais pour se rendre à l’Ohio. La Salle, malade

  1. Mémoires de la Société Historique de Montréal, VIe liv. 58. Voir le présent ouvrage, tômes II, 78, 78, 92 ; III, 11 ; IV, 52, 65.
  2. Voir : le Dictionnaire de l’abbé Tanguay ; le présent ouvrage, tômes II, 32, 34 ; III, 45 ; IV, 60, 76.