Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VI, 1882.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

qu’en marchandises, pour le présent, montera à vingt-neuf mille vingt-trois livres. Il y aura à augmenter pour un supplément d’appointement de six cents livres à chacun des officiers qui seront employés à cette découverte. Total : trente-deux mille six cent vingt-trois livres. Comme il faudra environ deux ans pour faire ce voyage, ils estiment que cette dépense pourra aller à cinquante mille francs. »

Ce document fait supposer que le premier poste établi en 1679 au nord du lac Supérieur avait été abandonné, ou négligé, comme aussi le second élevé par les soins de Du Luth de la Tourette en 1684. La Hontan, écrivant en 1689, du lac Huron, dit : « Il y a déjà quelques années que M. Duluth avait construit un fort de pieux dans lequel il avait des magasins remplis de toutes sortes de marchandises. Ce poste, qui s’appelait Camamistigoyan, faisait un tort considérable aux Anglais de la baie d’Hudson, parce qu’il épargnait à quantité de nations la peine de transporter leurs pelleteries à cette baie. » Néanmoins, la station plus avant dans les terres, au lac Nipigon, semble avoir été assez régulièrement maintenue par les Français car elle existait une trentaine d’années après la date de la lettre de La Hontan. En tous cas, les deux pièces qui suivent nous renseignent sur les débuts de l’entreprise du sieur de Lanoue. Le 11 décembre 1718, l’intendant Bégon écrivait au ministre : « Le sieur de Vaudreuil a été informé par des lettres du sieur de la Noue qu’étant arrivé fort tard à Kaministiquoya, où il avait trouvé peu de sauvages, il n’avait pu détacher aucun de ses canots pour aller à la Kamanionen,[1] et qu’il y enverrait après le retour de ceux qu’il a envoyés le printemps à Michilmakinac pour y chercher des vivres. Il ajoute que les sauvages de son poste étaient fort contents de cet établissement et promettaient d’attirer tous ceux qui ont accoutumé d’aller faire leur traite à la baie d’Hudson ; qu’il a fait écrire par un des Français qui étaient à la pointe de Chagoamigon à un chef de la nation des Sioux et qu’il espérait de réussir à faire faire la paix entre cette nation et celle des Christinaux, ce qui le mettra en état de poursuivre avec moins de risque l’exécution des ordres qu’il a pour la découverte de la mer de l’ouest. » En marge est écrit : « Approuvé ce premier article. » Le 14 novembre 1719, gouverneur et l’intendant, siégeant en conseil à Québec, écrivaient au roi, ou plutôt au régent : « Le sieur de Vaudreuil n’a reçu, cette année, aucune lettre du sieur de la Noue. Il a seulement appris, par la voie de Chagouamigon, qui est au sud du fond du lac Supérieur, et où le sieur de Saint-Pierre[2] commande depuis l’année dernière, que le sieur Pachot[3] y avait passé, allant au pays des Sioux, où il a été envoyé par le sieur de la Noue au sujet de la paix qu’il ménageait entre cette nation et celle des Christineaux, mais que le sieur Pachot n’étant pas de retour à Chagoamion dans le temps que les derniers canots en sont partis, on n’y était point informé du succès de son voyage. Le silence du sieur de la Noue donne lieu de juger qu’il aura voulu attendre le retour du sieur Pachot pour rendre compte au sieur de Vaudreuil de ce qu’il a fait pour l’exécution des ordres dont il

  1. Le lac la Pluie.
  2. Le Gardeur de Saint-Pierre.
  3. Pacaud. Il y avait à Québec une ou deux maisons de commerce de ce nom.