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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

jour, monnaie du pays… Les conseillers qui composent le Conseil Souverain en Canada, ne peuvent vendre, donner, ni laisser leur charge à leurs héritiers ou autres, sans le consentement du roi, quoiqu’elles vaillent moins qu’une simple lieutenance d’infanterie. Ils ont coutume de consulter les prêtres ou les jésuites lorsqu’il s’agit de rendre des jugements sur des affaires délicates ; mais lorsqu’il s’agit de quelque cause qui concerne les intérêts de ces bons pères, s’ils la perdent, il faut que leur droit soit si mauvais, que le plus subtil et le plus rusé jurisconsulte ne puisse lui donner un bon tour. »

En 1691, la solde de treize cent treize hommes, avec leurs officiers, coûtait deux cent dix-huit mille livres, soit cent soixante et six livres par homme. La population du Bas-Canada était alors de douze mille âmes. Quelques centaines de volontaires se trouvaient répandus à la baie d’Hudson, Terreneuve, l’Acadie et sur les frontières de la Nouvelle-Angleterre ; les hommes restés dans le Bas-Canada se plaignaient que Frontenac, tout à ses projets belliqueux, les écrasait de corvées, pour transporter les troupes, escorter les convois et travailler aux fortifications. La paix de Ryswick (septembre 1697) rendit les bras à l’agriculture et permit aux Canadiens de se réjouir de leurs nombreux succès durant une guerre de huit années. La population du Bas-Canada s’élevait alors à quinze mille âmes, y compris les sauvages domiciliés. Les Iroquois déposaient les armes dans une assemblée solennelle tenue à Montréal. Le commerce de l’ouest reprenait vigueur, ainsi que celui de la baie d’Hudson. Les troupes campaient dans les saisons propices ; on les dispersait chez les habitants pour aider à faire les récoltes ; une partie était employée à raccommoder les chemins du haut de l’île de Montréal. Le séminaire de Saint-Sulpice creusait le canal de Lachine. On élevait des retranchements à Québec « pour divertir les troupes. » D’Iberville fondait la Louisiane ; Lamothe-Cadillac établissait le Détroit. Les missionnaires se répandaient au delà des lacs, chez les Illinois, au Mississipi. Le tableau qui suit donne le résumé du recensement de 1698 :


BÂTISSES, DÉFRICHEMENTS, RÉCOLTES ET BÉTAIL.


Localités Bâtisses Terres Récoltes Bétail
Maisons Églises Moulins Arpents sous
culture
Arpents en
pâturage
Total Blé Maïs Avoine Autres
grains
Chevaux Bêtes à
cornes
Moutons Cochons
Gouvernement
de Québec
1,460 37 26 19,844 2,711 22,555 99,613 4,602 11,492 13,346 512 6,580 398 3,428
Gouvernement des
Trois-Rivières
211 6 6 4,205 173 4,378 22,339 133 1,744 2,454 48 719 153 395
Gouvernement
de Montréal
639 19 11 8,475 2,275 10,750 39,026 5,516 8,561 7,501 124 2,910 443 1,224
Totaux 2,310 62 43 32,524 5,159 37,683 160,978 10,251 21,797 23,301 684 10,209 994 5,147