CHAPITRE VII
1713-1760
Le premier moment de stupeur passé, après la cession de l’Acadie (1713) il y eut de la part des Acadiens comme un élan vers l’émigration. Les nouveaux maîtres n’étaient point sympathiques. De son côté la France, regrettant sa conduite, cherchait à se rétablir dans le voisinage du golfe Saint-Laurent. Elle fonda une colonie au cap Breton, comptant, pour la peupler, sur les Canadiens et les Acadiens — au lieu d’y envoyer directement du royaume des familles susceptibles d’accomplir cette œuvre. Son projet ne réussit qu’à demi. En donnant des postes de confiance à quelques Canadiens distingués, elle attira à Louisbourg une poignée de nos gens. Les Anglais, inquiets de l’attitude des Acadiens, se mirent à flatter ceux-ci et firent si bien qu’un petit nombre seulement abandonnèrent leur pays pour le cap Breton et l’île Saint-Jean. Tout paraissait avoir pris une certaine position fixe lorsque, en 1720, M. Richard, nommé gouverneur de l’Acadie, intima aux habitants d’avoir à cesser leur commerce avec le cap Breton et les établissements français ; de plus, il exigea le serment d’allégeance. Ce fut la première crise de cette longue série de persécutions qui devait aboutir à l’acte odieux de 1755 : la déportation en masse. Les Acadiens ne balancèrent pas : ils refusèrent le serment et les autres lois imposées. Richard céda, mais le dessein des Anglais n’était qu’ajourné.
D’après M. Rameau, « les Anglais, en s’emparant de l’Acadie étaient plus désireux d’évincer les Français du pays que de s’y établir eux-mêmes ; ils considéraient comme misé-