CHAPITRE XI
À l’origine des littératures on rencontre les poètes. L’homme cherche instinctivement à exprimer ses plus belles pensées dans le plus beau langage. Ainsi avons-nous fait. Le lecteur comprendra donc que l’examen de nos mœurs et coutumes, si fréquemment exposé dans ce livre, nous amène à rechercher le sentiment et la forme littéraire des anciens Canadiens.
Avec les compagnons de Champlain, les paysans de Normandie, les soldats de Carignan sont arrivés ici les couplets de la France, ces légendes rimées, ces refrains joyeux ou tristes, ces chants caractéristiques dont le pays de la vigne et de la bonne humeur conserve le privilège depuis des siècles. Nous les avons bien un peu remodelés pour les besoins d’une situation nouvelle, mais au fond ils restent français comme au premier jour. Les « voyageurs » et les « habitants » se les sont transmis d’âge en âge. Qui de nous ne les sait par cœur et quel est le poète canadien qui ne s’en soit inspiré ?
La chansonnette fut de tout temps une arme dans la bouche de nos aïeux. Or, pour chanter des couplets, il faut en premier lieu des poètes qui les composent. Le Canada n’a jamais manqué de rimeurs ; il en a produit qui, pour être inconnus aujourd’hui, n’étaient pas