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CHAPITRE III


1730-1760


Mœurs et coutumes des Canadiens. — Agriculture. — Bestiaux. — Maisons d’habitation. — Politesse des habitants. — Repas.


K

alm, en sa qualité de botaniste, a relevé une foule de notes curieuses sur notre pays à l’époque de sa visite (1749) et, bien qu’il se soit trompé çà et là, tout son livre mérite d’être étudié. Nous en détachons quelques passages.

À[1]environ quatre milles du fort Saint-Jean, venant des colonies anglaises, on trouve le pays tout cultivé et une continuelle variété de champs de blé, de pois et d’avoine se présente à la vue. Les fermes sont éloignées les unes des autres, et chacune d’elles est entourée de ses champs et de ses prairies. Les maisons, très petites, sont bâties en bois. En guise de mousse, que l’on ne peut se procurer ici, on se sert de glaise pour boucher les fentes des murs. Les toits sont très inclinés et couverts en chaume. Aussi loin que mon regard peut porter, je ne vois que des terres en pleine culture. Tous les champs sont couverts de moissons, le blé d’été l’emportant sur les autres sortes de grains. Les forêts sont passablement éclaircies, et il est à craindre qu’avant longtemps le bois ne devienne très rare. Tel est l’aspect du pays jusqu’à Laprairie et jusqu’au fleuve Saint-Laurent : en un mot, c’est dans mon opinion, la plus belle contrée de l’Amérique du Nord que j’aie encore vue. Tout le pays autour de Laprairie est plat. De tous côtés, il y a de grands champs de blé, des prairies et des pâturages. Le paturin des prairies autour de Montréal est une herbe très tenue, très serrée et qui réussit même sur les côteaux les plus arides ; elle n’est cependant pas riche en feuillage, et sa mince tige est employée en guise de foin. Une population dense habite les bords de l’île de Montréal, lesquels sont en pur terreau, très unis, et ne s’élèvent guère à plus de trois ou quatre verges de hauteur. Les bois ont

  1. Nous faisons usage de l’intelligente traduction de M. L. W. Marchand, publiée par la Société Historique de Montréal.