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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

par ce règlement, ce n’a pas été que pour condescendre à l’état de ces temps-là ; qu’il paraît par un mémoire donné en 1679, par le sieur procureur-général que l’on avait estimé que les curés se mettant en pension, auraient besoin de cinq cents livres pour leur subsistance et que vivant en leur particulier, ils avaient encore besoin de trois cents livres pour un valet.

« D’ailleurs, que quand on leur régla cinq cents livres en se mettant en pension, on compta trois cents livres pour leur nourriture sans y comprendre le vin dont ils devaient se fournir, et deux cents livres pour leur entretien, que l’on doit conclure de là qu’à présent que les dîmes valent peu, au lieu que le linge, les étoffes et le vin sont à un prix excessif, que les dîmes sur les grains ne suffisent pas pour la portion congrue ; que les habitants n’ayant pas trouvé d’utilité dans la culture des grains ont laissé les terres en prairie, d’autres y ont semé du chanvre et du lin, toutes lesquelles choses tiennent lieu du grain, qu’il y a des vergers de quarante arpents, que les propriétaires prétendent exempter de la dîme ; que les arrêts de France ont jugé que la terre labourable étant convertie en vignes, oignons, raves, etc., les dîmes devaient s’y percevoir ; la dite réponse, signée Boulard, et pour copie De Monseignat.

« Autre réponse du sieur Du Fournel, curé de l’Ange-Gardien, contenant les mêmes moyens ci-dessus allégués.

« L’arrêt du conseil souverain du vingt-deuxième décembre 1705, portant qu’avant faire droit, les mémoires des dits curés seront communiqués au procureur-général ; la réponse du dit procureur-général du dix janvier 1706, contenant entr’autres choses que les dîmes se doivent payer suivant l’usage, au lieu que les dits sieurs curés les veulent faire payer, comme les provinces de France les payent toutes ensemble, soutien qu’il y a eu un règlement le quatrième septembre 1667, autre que celui du vingt-trois août, que celui-ci est une pièce supposée, dont l’original ne paraît point, et qui n’a point été enregistré au greffe du conseil, quoique par la copie supposée il soit dit qu’il y sera enregistré, d’ailleurs que cette même copie a été collationnée sur une autre copie collationnée sur l’original en papier rendu, lequel original ne devait pas se trouver entre les mains d’un particulier, puisque aux termes de cette prétendue copie, il contenait les signatures des sieurs de Tracy, de Courcelles et Talon, soutient qu’un curé qui a cinq cents livres avec les profits du dedans de l’église, a honnêtement de quoi vivre, que tous les vergers ensemble, depuis Tadoussac jusqu’à Montréal, nord et sud, qui font cent quatre-vingts lieues, ne contiendraient pas quarante arpents ensemble ; ainsi la plainte des curés à cet égard est sans fondement ; qu’il est vrai que les grains sont quelque fois à bas prix, mais dans ces temps-là l’abondance récompense et que l’on donnerait volontiers à chaque curé six cents livres et plus de ses dîmes de grains ; qu’ainsi la nouveauté que les curés veulent introduire n’est que pour se donner du superflu.

« Que si les dîmes, telles qu’elles se lèvent, ne sont pas suffisantes, l’édit de 1679, article iv, pourvoit au supplément ; requiert que défenses soient faites aux curés et autres, de faire aucune innovation dans la perception des dîmes qui seront payées à l’ordinaire au vingt-sixième minot de tous les grains battus et nettoyés, portés au presbytère, sauf aux curés qui